Mésopotamie
Mari

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Aujourd’hui Tell Hariri, dans l’est de la Syrie. Avant les fouilles d’André Parrot, cette civilisation était totalement inconnue. C’est dire si les découvertes qui y ont été faites depuis les années 1930, dont près de 15 000 tablettes, ont considérablement enrichies les connaissances archéologiques sur la Syrie antique mais aussi sur toute la Mésopotamie au début du IIe millénaire.

Mari : l’intendant Ebih-il.
Mari : la dame au polos (vers 2400 av. J.-C.)

La région de Mari, que traverse l’Euphrate, est impropre à l’agriculture en raison de l’insuffisance des eaux pluviales. Les fouilles archéologiques ont permis le repérage, sur la rive droite de l’Euphrate, de plusieurs canaux dont certains ont manifestement servi aux cultures. Un canal directement relié à l’Euphrate assurait l’approvisionnement en eau de la cité et permettait certainement aussi aux bateaux de venir jusqu’au port. Sur la rive gauche, un canal de 120 km de long devait permettre la remonte du fleuve par halage.La naissance de Mari s’explique aisément dans ce contexte : la cité apparaît comme un point de contrôle du trafic qui empruntait la voie fluviale entre la Syrie septentrionale, la plaine du Khabur, le piémont du Taurus   et la plaine mésopotamienne. Le paiement des taxes assurait à la cité des revenus qui expliquent sa richesse à certaines époques.

Attestée depuis le début du IIIe millénaire, la cité a été fondée au XXIXe siècle selon un plan circulaire de 1900 mètres de diamètre. Elle était entourée par une digue destinée à la protéger des très grandes et exceptionnelles inondations.

Le cœur de la cité était protégé par un rempart, épais de six mètres, renforcé de tours et percé de plusieurs portes. Aucun monument de cette période n’a encore été mis à jour. Cette première ville semble avoir été complètement abandonnée vers 2650 av. J.-C. pour des raisons inconnues.

Epoque des Dynasties Archaïques (XXIX - XXIVe siècles av. J.-C.)

Le roi Lamgi-Mari.

Une nouvelle ville apparaît vers 2500. Mari atteint durant la période qui s’ouvre une première apogée. C’est durant cette période que doit être construit l’Enceinte Sacrée (vouée à une divinité inconnue), les temples d’Ishtar, de Nini-zaza, d’Ishtarat, de Shamash et la terrasse cultuelle conue sous le nom de le « massif rouge », ainsi que des quartiers d’habitations et des entrepôts commerciaux.

Si l’on se fonde sur l’importance des travaux architecturaux menés dans la cité et sur la qualité de l’atelier de sculpture, cette période a été particulièrement brillante : c’est à la fin de cette époque que l’école des sculpteurs de Mari a joué un rôle de premier plan. Parrot et son équipe ont retiré des temples d’innombrables statuettes en albâtre représentant l’intendant Ebih-Il, la danseuse Our-Nanshe ou le roi Lamgi-Mari.

Mari domine alors les échanges commerciaux entre la Syrie et la Mésopotamie. C’est une période prospère où s’épanouit aussi sa voisine Ebla. Après 150 ans de prospérité, cette cité s’effondre après la conquête de Naram-Sîn.

Epoque des Shakkanakku (XXIII - XIIe siècles av. J.-C.)

Lion gardien du temple de Dagan (IIe millénaire)

La durée de cette période avoisinerait trois siècles et demi. Elle correspond à la période où les souverains de Mari ont porté le titre de Shakkanak, c’est-à -dire « gouverneur », titre conféré par Naram-Sîn après sa conquête de la cité.

Si la plupart des noms de souverains qui se succédèrent sont connus, on ne sait pratiquement rien de l’histoire de cette longue période : quelques centaines de textes ont bien été retrouvés pour cette période, cependant ils ne révèlent rien de l’administration d’un puissant royaume. Une troisième cité renaît ainsi sur les ruines des précédentes. D’énormes travaux sont engagés tout au long de la période qui font disparaître, en partie ou en totalité, les bâtiments des niveaux les plus récents des Dynasties Archaïques. C’est l’époque des grands monuments : temple aux lions, temples de Ninhursag et de Shamash.

Un nouveau Grand Palais Royal s’installe à l’emplacement du précédent où seule l’Enceinte Sacrée conserve sa vocation religieuse et son plan originel. Un autre palais, plus petit, est édifié sur deux hypogées à l’est du secteur des temples.

Epoque amorrite (fin XIX et début XVIIIe siècles av. J.-C.)

Mari : fresque du palais de Zimri-Lim (vers 1780 av. J.-C.)

Un roi du nom de Yahdun-Lim (1820-1796 av. J.-C.), cité dans les textes de fondation du temple de Shamash et dont le règne dura une vingtaine d’années, mena une politique étrangère très active avec tous ses voisins du bassin de l’Euphrate et jusqu’aux côtes méditerranéennes. Après le court règne de deux ans du roi Sumu-Yaman, Shamshi-Adad, roi de Haute Mésopotamie, installa à Mari l’un de ses fils, Yasmah-Addu (1796-1776av. J.-C.). Celui-ci, après la mort de son père, fut chassé du trône par Zimri-Lim (1775 à 1761 av. J.-C) descendant de Yahdun-Lim et dernier roi de Mari. En perpétuelle lutte contre les nomades, Zimri-Lim s’allia   à Hammurabi, roi de Babylone. Cette alliance finira par la destruction de Mari.

La fouille et l’analyse architecturale de la cité ont donné une image très précise de l’organisation et de la vie d’un grand palais amorrite du début du IIe millénaire.

La fin de Mari

Mari : amulette représentant un léopard ailé (2400 av. J.-C.)

La destruction de 1760, par Hammurabi, mit fin à l’existence de Mari. On ne sait pas encore ce qui a conduit Hammurabi à conquérir Mari (31e année de règne), alors que Zimri-Lim et lui-même semblent avoir longtemps suivi une politique d’alliance. Le souverain babylonien transfère dans sa capitale le richesses du palais et de la ville ; puis il décide la destruction totale du palais (33e année de son règne). Cet incendie volontaire suivi d’un abattage systématique des murs qui ont enseveli les archives a permis une conservation exceptionnelle de ce monument, en particulier la protection des peintures murales.

Avec la destruction de 1760, Mari disparaît de la scène politique et l’Euphrate ne connut plus de capitale d’une telle importance. Mais les traces d’installations plus tardives attestent que la ville n’a pas disparu complètement du jour au lendemain. De l’époque médio-assyrienne (XIIIe- XIIe siècles) subsiste un cimetière installé dans les ruines du Grand Palais Royal qui atteste d’une certaine aisance de la population. Enfin à l’époque séleucide ou parthe appartient un autre cimetière qui reflète une plus grande pauvreté. Il semble qu’à partir de ce moment le site ait été
réellement déserté.

 


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  Dernière mise à jour : 21 octobre 2006
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