Asie Mineure
Phrygiens

Le roi Midas

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Midas ne fut ni un conquérant ni un tyran puissant et redouté, mais un monarque sage et pondéré, victime d’une cruelle destinée, illustre dans la légende et dans l’histoire à la fois, par son or et ses oreilles d’âne. Midas aurait régné de 715 à 676 av. J.-C. Midas fut un puissant roi, qui étendit le royaume de Phrygie, vers l’est jusqu’à l’Ourartou, dont les mines d’or, de cuivre et de fer tombèrent ainsi entre ses mains. Il disposait en outre des mines d’or de Phrygie et des paillettes du célèbre fleuve Pactole. Cherchant à nouer des relation avec la Grèce, Midas envoya un trône d’or au sanctuaire d’Apollon, à Delphes et prit pour femme la fille du roi de Kyme, ville du littoral occidental de l’Asie Mineure. Dès lors, l’influence culturelle grecque se répandit en Phrygie. Il se peut même que l’adoption de l’alphabet grec ait été décidée sous le règne de Midas. Vers 678, Midas doit faire face à une invasion des Cimmériens. Vaincu, il se donne la mort. L’indépendance de la Phrygie disparut avec lui.

Accession au trône

Selon la légende, Midas se rendit, sur un char, à l’assemblée populaire dont les membres, violemment opposés, s’apprêtaient à élire le futur souverain. C’est alors que la prédiction d’un oracle (serait roi celui qui viendrait à eux sur son char) leur revint à l’esprit et les électeurs choisirent Midas pour monarque. Selon Polyen, les partisans de Midas seraient sortis de la ville sous prétexte de participer à une cérémonie orgiaque et après avoir poignardé leurs adversaires, ils auraient occupé la ville, laissée sans surveillance, et proclamé Midas tyran de Phrygie.

La plupart des versions du même mythe font de Gordion, père de Midas, le fondateur du royaume de Phrygie. Cette hypothèse se justifie d’autant mieux que Gordion donna son nom à Gordion, la résidence royale des rois phrygiens. Le char a une signification symbolique : c’était le symbole de la royauté et la divinité chez les Perses, les Etrusques, les Germains et, aussi, les Illyriens. Et toujours selon la légende, le timon du char du roi Midas était lié par le fameux « nœud gordien » dont, quiconque parviendrait à le dénouer deviendrait le maître de l’Asie, exploit qu’accomplit Alexandre. Plus tard, les Grecs prénommeront Midas ou Manès les esclaves d’origine phrygienne car ces noms étaient communs dans l’ouest de l’Asie Mineure.

Midas selon les textes assyriens

Midas, monarque contemporain des débuts de l’expansion phrygien eut un homonyme - lui aussi fils d’un roi nommé Gordios - dont la richesse fabuleuse était célèbre chez les Grecs. Dans les inscriptions de Sargon II, Midas, roi de Phrygie, est mentionné sous le nom de « Mita (roi) de Muski » à plusieurs reprises. Pasiris, roi de Karkémish et tributaire du roi d’Assyrie, dont il s’efforçait de secouer le joug conclut, en 717, une alliance avec Midas, roi des Phrygiens et des Mosques. Midas s’empara de plusieurs villes jusqu’au jour où le roi d’Assyrie passa à la riposte. Les Assyriens s’emparent de Karkémish qu’ils détruisirent et se tournèrent vers la Phrygie. Midas fit sa soumission (710 av. J.-C.). Le tribut fut sans doute considérable mais la Phrygie fut épargnée.

La légende de Midas

Du fleuve Pactole...

Selon Ovide, un jour, des paysans phrygiens trouvèrent un vieillard obèse et couronné de roses, affublé d’une queue de cheval et ivre mort. Ils le conduisent à Midas, leur souverain qui reconnait, dans le vieillard, Silène, le compagnon et le précepteur de Dionysos. En son honneur, Midas donna une joyeuse bacchanale, puis le roi conduisit son hôte auprès de Dionysos.

Heureux de retrouver son ami, le dieu invita Midas à formuler un vœu.
S’adressant à Dionysos, Midas lui dit alors : « Fais que tout ce que je toucherai se transforme en or. » Dionysos accéda au désir du roi. Impatient, Midas voulut éprouver son pouvoir et arracha une branche à un chêne ; aussitôt, elle se mua en or. Il prit une pierre ; elle se transforma en pépite. Il en fut de même d’une motte de terre, d’un épi, d’une pomme, de la porte du palais et de l’eau quand Midas voulut se laver les mains. L’infortuné éprouva une désagréable surprise lorsqu’il se mit à table le pain, la viande se changèrent en or. Angoissé, Midas supplia Dionysos de lui pardonner et de le délivrer. Le dieu l’entendit et lui ordonna d’aller se laver dans la source du ruisseau Pactole. Midas fut ainsi débarrassé de son funeste privilège. Depuis, les eaux du Pactole roulent de l’or.

... au bonnet phrygien

Midas se retira alors dans la forêt qui couvrait les pentes du mont Tmolos. Un jour, il fut témoin d’une curieuse rivalité qui opposait Pan, dieu des bergers, à Apollon. Pour le punir, Apollon transforma les oreilles de Midas en oreilles d’âne ! Midas pour cacher sa disgrâce portait jour et nuit, un bonnet conique maintenu par deux bandeaux noués sous le menton qui dissimulait ses oreilles. Pourtant, un homme, l’esclave chargé de coiffer et de raser le roi, les avait vues. II n’osait pas répandre la nouvelle et son mutisme lui pesait. Un jour, n’y tenant plus, il creusa un trou sur le bord d’une rivière et lui confia son secret. Peu après, des roseaux poussèrent à cet endroit ; agités par la brise, ils répétaient à tous les échos la phrase : « Le roi Midas a des oreilles d’âne. »

Il se peut que la coiffure des souverains de Phrygie ait été une sorte de mitre faite de la peau du crâne d’un âne à laquelle adhéraient encore les oreilles. Les Grecs auraient inventé l’histoire de Midas et l’auraient enjolivée a postériori pour expliquer cette coutume insolite. Ce bonnet devint plus tard le symbole des esclaves affranchis, c’est la raison pour laquelle les révolutionnaires français le reprirent comme emblème et qu’il devint l’un des symboles de la République Française.


 




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  Dernière mise à jour : 18 février 2009
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