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Les Peuples de la mer

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Apparition

Vers 1200 av. J.-C., un bouleversement radical a affecté tout le Proche-Orient, mettant fin, à la civilisation de l’âge du bronze. Des populations à l’identité mal définie, en tout cas non sémite ont déferlé sur la Méditerranée orientale et l’Anatolie, provoquant la disparition de l’empire hittite, la destruction des villes de Chypre (Enkomi) et l’anéantissement de cités florissantes de la côte syro-palestinienne comme Ougarit.

Aussi mystérieusement apparus que disparus de l’Histoire, sans qu’il soit donc possible d’identifier précisément de quels peuples il s’agissait, les Peuples de la mer, ou Peuples du Nord ou encore Peuples habitant les îles, doivent leurs noms aux textes égyptiens. Ils sont mentionnés une première fois vers 1228 sous le règne du pharaon Mineptah et une seconde fois dans une inscription du temple funéraire de Medinet Habou, où le pharaon Ramsès III célèbre sa victoire sur les envahisseurs, une victoire décisive, qu’il a remportée à la fois sur terre et sur mer, vers 1190. On peut en déduire que ces envahisseurs déferlèrent ainsi en deux vagues à moins de trente ans d’intervalle.

Face à cette invasion, les royaumes du Proche-Orient hésitèrent sur l’attitude à tenir : tantôt ils s’y opposèrent, tantôt ils préférèrent pactiser. Dans une lettre du royaume d’Ougarit, qui avait affronté la première vague d’invasion, on sait qu’un de ses généraux, nommé Sumiti, fut chargé de s’opposer au débarquement de l’armée de Ramsès III venue repousser la deuxième invasion.

Essai d’identification

Dans le texte de Mineptah, les peuples de la mer comprennent les Eqwesh, les Luka, les Shekelesh (Sikala, Sikils, Sicules), les Sherden (Shirdana, Sardanes) et les Teresh (Tourousha). Une inscription du deuxième pylône de Medinet Habou précise : «  Parmi eux se trouvaient comme alliés les Peleset, les Thekker, les Shekelesh, les Denyen et les Weshesh. Ils mirent la main sur tous les pays jusqu’aux lisières de la terre... »
Si l’identification des Denyen avec les Danaoï homériques ne repose sur aucune certitude, les Peleset sont très vraisemblablement les Philistins de la Bible.

Il semble qu’une partie des Peuples de la mer se répartirent ainsi le long du littoral par tribus : Dor échut aux Shekalesh ; aux Philistins, Gaza, Ashdod, Ascalon, Éqrôn et Gat, soit la côte méridionale de la Palestine (à laquelle ils ont donné leur nom). Il est probable qu’à l’origine les Philistins furent établis dans cette région par Ramsès III pour garder sa frontière. Dans leur tentative de pénétration à l’intérieur du pays, les Philistins se heurtèrent aux tribus israélites qui s’installaient alors en Terre promise. Dans un premier temps l’avantage appartint aux Philistins qui remportèrent des victoires (prise de Silo, victoire de Guilboa), mais David réussit à stopper définitivement leur avance.

La civilisation matérielle des Philistins est essentiellement connue par leur armement et leur céramique peinte, de haute qualité, qui présente certaines affinités avec la céramique mycénienne. Cet indice a été utilisé pour étayer la théorie d’une origine égéenne des Philistins, origine qui demeure fortement controversée. Dans les textes anciens (Amos 9, 7), les Philistins sont dits venir de Kaptor (Keftiu) qui est localisée soit dans l’Egée, en Crète, soit dans 1’ Asie Mineure, en Cilicie.

Les reliefs de Medinet Habou donnent une image physique de ces peuples : ils sont représentés comme des hommes de haute taille, aisément identifiables par leur curieuse coiffure de plumes dressées, maintenue par une jugulaire. Ils voyageaient sur des bateaux à proue et poupe en forme de tête d’oiseau, ou sur des chariots à roues pleines traînés par des bœufs. On a parfois également voulu voir une représentation des peuples de la Mer dans le petit personnage masculin tenant une coupe, trouvé par Claude Schaeffer dans les fouilles du bâtiment 18 d’Enkomi, à Chypre. Les traits du visage, notamment la coiffure et le gros nez à bout rond que l’on retrouve sur un poids en forme de tête d’homme provenant d’Ougarit, pourraient indiquer une origine égéenne.

A partir de l’an 1000 av. J.-C., plus aucune source égyptienne ne mentionne les Peuples de la mer. On retrouvera plus tard les Luka, alliés des Hittites, lors de la bataille de Qadesh. A cette même bataille, les Sherden, anciens pirates belliqueux, étaient alliés aux Égyptiens. Au Xe siècle, les Shirdana et les Sikala auraient accompagnés les Phéniciens dans leur voyage vers la Méditerranée occidentale et se seraient établis dans les îles de Sardaigne et de Sicile auxquelles ils auraient donné leur nom. De même, une thèse prétend que les Tourousha seraient les ancêtres des Etrusques.


 




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  Dernière mise à jour : 18 septembre 2006
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