Asie Mineure
Hittites

Les Hittites



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A la fin du XVIIIe siècle apparaît une principauté hittite, fondée par un nommé Pithana « prince de Kussar », ville située au nord-est de Kanesh mais dont le site n’a pas encore été identifié, dont la capitale était Nesa, aujourd’hui Kultepe près de Kayseri. Son fils, Anitta, fut le fondateur d’un des plus puissants empires de l’Orient ancien. Anitta s’empara des petits royaumes limitrophes du sien, et notamment du royaume d’Hatti et de sa capitale Hattusha qu’il détruisit. L’inscription relatant ses exploits sera régulièrement recopiée au cours des siècles suivants et les grands rois hittites conserveront toujours le titre de « prince de Kussar ». On divise conventionnellement l’histoire hittite en trois voire quatre périodes.

Karkémish : char de guerre hittite.

Selon l’Ancien Testament, qui les appelle indifféremment « Hittim », « Héthéens » ou « Hittites », c’est à dire fils de Heth, les Hittites auraient habité les hauteurs de Canaan au temps d’Abraham et au moment de la conquête israélite. Pris dans son sens large, le mot Hittite couvre trois peuples parlant des langues indo-européennes très proches l’une de l’autre que la littérature hittite de l’époque classique appelle Luwites, Palaïtes et Nésites (Hittites).

Les Luwites ont probablement fait irruption en Anatolie vers 2300 venant de l’Ouest ; les deux autres peuples sont arrivés deux ou trois siècles plus tard, venant sans doute de l’Est par le Caucase. Les Palaïtes, dont nous ne savons presque rien, se fixent en Anatolie orientale, dans la région de Sivas, tandis que les Nésites s’installent en Cappadoce. On pense que Nesha est le nom qu’ils donnaient à Kanesh.

Les Hittites dans l’Histoire

Les Mésopotamiens appelaient Hatti les territoires situés dans la boucle du Kizilirmark en l’Anatolie centrale. Cette région vit se développer une civilisation méconnue qui disparut avec l’arrivée des Hittites vers 1800 av. J.-C. Les habitants du Hatti parlaient une langue non indo-européenne. De cette civilisation, les archéologues ont retrouvé quelques œuvres d’art venant des tombes d’Alaca Huyuk, au cœur de l’Anatolie. Il s’agit d’objets en bronze, en or, en argent et en électrum représentant des cerfs et des taureaux, symbolisant respectivement la déesse Vourusemou et le dieu de l’orage. On y a aussi retrouvé de nombreux emblèmes en forme de disque solaire.

Plus tard, lorsqu’ils auront conquis le Hatti, les souverains hittites prendront le titre de roi du Hatti et c’est sous ce nom que les Mésopotamiens désigneront ce royaume et ses habitants. Il semble que l’arrivée des Hittites se soit effectuée par des infiltrations progressives, plutôt que par invasion. C’est à Kà¼ltepe que l’on a découvert les premières traces d’une présence hittite.

La position centrale du territoire hittite l’exposait en permanence aux visées de voisins turbulents : l’Arzawa   à l’Ouest, les tribus Gasgas   au Nord, l’Azzi-Hayasa à l’Est, les royaumes du Mitanni et les colonies égyptiennes au Sud. Au regard de l’Histoire, les Hittites resteront comme l’une des plus grandes puissances du IIe millénaire, au Proche-Orient, avec les Assyriens et les Égyptiens. Aux environs de 1200 av. J.-C., la civilisation hittite disparaît brutalement, pour des raisons peu précises, et tombe dans l’oubli le plus total jusqu’à sa redécouverte au début du XXe siècle.

Ancien Royaume (1650-1530 av. J.-C.)

Le premier roi fut Labarna. Sous son règne, il semble que Kussar devint la capitale du royaume. Il s’agit peut-être d’un roi légendaire mais ce nom de Labarna sera accolé ultérieurement comme un titre à celui du roi. Son fils, Labarna II, réoccupa le site d’Hattusha et à cette occasion pris le nom Hattusili Ier. De 1590 à 1450, dix rois au moins vont se succéder. Le royaume hittite est fragilisé par des intrigues permanentes et peut-être par sa croissance trop rapide. C’est vraisemblablement à la présence d’États-tampons au sud et à l’est de ses frontières, l’Ourartou et le Mitanni, que le jeune royaume hittite doit alors sa survie face aux conquêtes des Mésopotamiens.

Royaume intermédiaire (1530-1465 environ av. J.-C.)

Il s’agit d’une période troublée et imprécise d’à peu près un siècle, appelée parfois aussi « Moyen royaume ». Elle est essentiellement connue par les listes d’offrandes aux souverains décédés. Durant cette période, la puissance hittite paraît affaiblie. Les rois de cette période, comme Alluwamna, recherchent l’alliance de Cilicie alors que les Gasgas au nord et les Hurrites au sud se font menaçant aux frontières.

Nouvel Empire (1465-1190 environ av. J.-C.)

Profitant des troubles dynastiques, un nouveau clan lié au Kizzuwatna, mené par Tudhaliya Ier fonde une nouvelle dynastie qui gouvernera pendant huit générations avec au moins douze rois. Une branche cadette de cette dynastie s’installa à Karkemish. Cette dynastie était peut-être d’origine hourrite : la plupart des reines connues ainsi que ceux des princes sont de consonance hourrite et il est possible que les rois eux-mêmes portaient un nom hourrite avant leur accession au trône ; beaucoup de textes religieux hourrites sont recopiés, quelques dieux hourrites remplacent leurs équivalents hittites.

© Maurice Griffe - Editions T.S.H

Par ses conquêtes territoriales Suppiluliuma crée l’empire hittite, empire durable où les États vassaux de Syrie demeureront fidèles jusqu`au bout. Durant l’empire, l’État hittite fut avec l’Égypte l’État le plus puissant du Proche-Orient. Vers la fin de l’époque, les textes nous indiquent que le pays hittite eut à subir des périodes de famines accompagnées de forts mouvements de population. Selon les textes égyptiens, la destruction du Hatti serait due aux Peuples de la Mer, mais il est peu probable que ceux-ci se soient avancés aussi loin à l’intérieur des terres et plus vraisemblablement ce sont d’autres tribus ennemies (les Gasgas ?) qui ont profité de l’affaiblissement de l’empire pour l’abattre.

Karkémish : sphinx à tête d’homme et de lion.

Epoque néo-hittite (1190-600 environ av. J.-C.)

Après deux siècles dits « âge obscur », s’ouvre la dernière période hittite. La destruction d’Hattusha entraîna la disparition de la civilisation hittite dans l’ancien pays du Hatti, mais elle perdura dans le sud-est anatolien et les provinces de Syrie du nord. De petites villes se constituèrent en cités-États : dans le Cilicie (Hilakku et Que), Koummouh (Samsat), Alalakh (Tell Açana), Karkemish, Melid (Arslantepe), Alep et Hama. La filiation avec l’ancien empire hittite était si forte que pour leurs voisins et ennemis, notamment les Assyriens, ces petits royaumes continueront à être dénommés sous le vocable de Hatti. Du XIIe au IXe siècle, ils connaissent une période de calme et de prospérité. Au delà , l’infiltration de tributs araméennes et surtout l’expansionnisme assyrien font faire disparaître ces principautés : seuls deux petits royaumes situés en Cilicie survivront à la destruction de l’Assyrie elle-même.

Ces petits royaumes perpétuèrent l’architecture et l’écriture des Hittites. De cette époque datent des inscriptions hiéroglyphiques monumentales ou rupestres. Curieusement, la langue utilisée sera alors le louvite.

 


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  Dernière mise à jour : 5 janvier 2022
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