Arabie & Levant
Phéniciens

Tyr

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Tyr : colonnade romaine.

Port phénicien situé sur la côte libanaise actuelle. La ville était bâtie sur un îlot rocheux distant de la côte de 600 mètres. Face à la ville de Tyr, une deuxième bourgade, Uzzu, lui faisait face : c’est dans cette bourgade que les habitants puisaient l’eau potable transportée à Tyr par bateau. Ce qui a toujours frappé les chroniqueurs antiques, c’était l’extraordinaire puissance maritime de Tyr où se croisaient toutes les marchandises connues dans l’Antiquité.

Les vestiges visibles aujourd’hui datent donc surtout de l’époque romaine où la ville est embellie par la construction d’un arc de triomphe, de portiques et d’un hippodrome pouvant contenir 20 000 personnes.

Histoire

Selon la tradition, Tyr fut fondée par le dieu Melqart, dieu tutélaire de Tyr, dont le nom signifie « roi de la cité ». Selon Hérodote, Tyr aurait été fondée vers 2750 av. J.-C., affirmation confirmée par l’exhumation de 27 couches archéologiques distinctes s’étalant entre 2900 et 750 av. J.-C. Occupée par les Égyptiens, ravagée par les peuples de la mer, la ville fut reconstruite par les habitants de Sidon. Au Ier millénaire, Tyr participe activement à un réseau d’échanges commerciaux entre le Proche-Orient, l’Anatolie, la Méditerranée, l’Égypte, et la péninsule arabique. L’apogée de Tyr se place aux Xe et IXe siècles, entre la chute de la thalassocratie minoenne et l’essor maritime du monde grec.

Tyr : vue de la nécropole.

Dès le IXe siècle, Tyr fonde des comptoirs sur le littoral proche, comme Botrys (Batroun au Liban), ou selon la tradition antique, plus lointain comme Carthage qui aurait été fondée par la princesse Elissa (Didon). Tyr possédait un immense empire colonial : la Méditerranée orientale, au sud de l’île de Rhodes  , la mer Ionienne et l’ensemble de la Méditerranée occidentale jusqu’au delà des Colonnes d’Hercule. Dans l’Atlantique, les Tyriens étaient installés sur la côte du Maroc, fréquentaient le littoral de la Grande-Bretagne et allaient faire du commerce jusqu’aux Iles Cassitérides  .

Tyr était dirigée un conseil des Anciens, deux « suffètes », chargés de rendre la justice, et des rois héréditaires, mais les usurpations étaient fréquentes. Parmi eux, deux rois se détachent d’Hiram Ier (935-919) et d’Itobaal Ier (887-856). Hiram Ier est resté célèbre grâce à son alliance avec Salomon, qui lui demanda de lui fournir du bois de cèdre et des artisans pour la construction du temple de Jérusalem. Les travaux finis, Hiram Ier donna cent-vingt talents   d’or pour décorer le palais et le Temple ; en échange Salomon lui attribua vingt villes de Galilée. Hiram fit combler le chenal qui séparait deux îlots rocheux situés à quelques centaines de mètre de la côte et les fit prolonger par un terre-plein (l’eurychoros des Grecs) vers celle-ci, créant ainsi deux ports, le « sidonien » au nord et « l’égyptien » au sud.

Itobaal Ier, était prêtre d’Astarté. Il avait usurpé le trône, mais fidèle à la politique d’alliance avec les royaumes de Juda et d’Israà« l, il maria sa fille Jézabel avec le roi Achab et la fille née de leur union, Athalie, au roi de Juda, Joram. L’introduction des divinités phéniciennes amènera dans les royaumes israélites une réaction religieuse nationale, menée par les prophètes, qui aura pour résultat le massacre de Jézabel, d’Athalie et de leurs descendants.

Salmanasar III lui imposa un tribut en 839. En 738, Téglath-Phalasar III renouvele l’obligation du tribut. A l’avènement de Sennachérib, Tyr se soulève mais le mouvement échoue. Assarhaddon, lors de ses préparatifs pour envahir l’Égypte signe un traité avec le roi de Tyr qui s’engage à mettre sa flotte au service du roi d’Assyrie. Le roi de Tyr ayant trahi sa promesse Assarhaddon assiège la ville mais sans pouvoir l’emporter. Tyr disposait d’une position défensive très forte. Elle résista à Assourbanipal et ne se soumit qu’après négociation. Selon la tradition , Nabuchodonosor II dut assiéger la ville durant treize ans avant de pouvoir s’en emparer en 574 !

Tyr : colonnade romaine.

Sous la domination achéménide, Sidon lui ravit le siège de la satrapie. En 332, Alexandre le Grand devra maintenir un siège de cinq mois avant de conquérir la ville après avoir complètement relié l’île au continent en comblant l’espace les séparant par une digue construite avec les déblais issus de la partie de la ville située sur le continent qu’il avait fait raser. Enragée par cette résistance opiniâtre, l’ armée d’Alexandre massacra environ 8 000 habitants et en réduisit 30 000 autres en esclavage, ce qui indirectement nous indique que la cité connaissait alors une très forte densité de population.

La cité de la pourpre

La grande richesse de la ville venait de la commercialisation des étoffes teintes à la pourpre dont la production se faisait sur place comme l’atteste encore l’accumulation sur place de coquilles de murex d’où on extrayait la pourpre. Tyr était la plus réputée des cités phéniciennes pour ce genre d’activité, le murex devint un des emblèmes de la cité figurant sur les monnaies de l’époque impériale. La légende rapporte que c’est Tyros, le chien du dieu Melqart qui découvrit la pourpre en croquant un coquillage de murex. La deuxième ressource locale était constituée par certains sables de la côte propices à la production de petits objets en verre, dont le transport aisé et le prix de vente élevé assuraient de bons profits commerciaux.


 




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  Dernière mise à jour : 24 août 2007
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