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La religion grecque
(dans la Grèce antique)

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Le sacré

Il n’existe pas en grec de mot signifiant « religion ». Pour les Grecs, le respect du sacré sous-entend tous les gestes du quotidien : il n’y a pas de distinction entre le spirituel et le temporel. Le prêtre (hiereos) est un magistrat de la cité chargé d’accomplir les rites, il est dépourvu d’une sainteté particulière, c’est un fonctionnaire au même titre qu’un général ou qu’un surveillant de marché. Et même lorsqu’ils sont issus héréditairement d’une même famille, les prêtres restent soumis à son contrôle.

La cité est religieusement intolérante : tout philosophe qui suspectait les croyances était considéré comme violant les lois de la cité, comme Socrate qui sera condamné à mort pour impiété.

Le divin s’identifie à un principe garantissant l’ordre, la signification du monde naturel. Croire aux dieux signifie que l’on respecte et honore la divinité mais pas que l’on soit convaincu de son existence. L’homme grec a un rapport de familiarité avec les dieux dans sa vie quotidienne. Le foyer domestique est consacré à Hestia qui protège la prospérité et la continuité de la vie familiale. Au sein de la famille, le sacerdoce est exercé par le père.

Les divinités

Les tablettes mycéniennes ont révélé que le panthéon des dieux de l’Olympe était déjà constitué à cette époque. Tous les Grecs reconnaissaient et honoraient l’ensemble du panthéon mais chaque cité avait sa divinité protectrice particulière. Il n’y eût jamais d’autorité centrale pour les rites et la doctrine. Les dieux communiquaient avec les hommes par l’intermédiaire des rêves, du vol des oiseaux, des éclairs dans le ciel et de tout phénomène naturel mais seuls les devins étaient capables d’interpréter leurs paroles.

Ces dieux, qui avaient peut-être une forme animale à l’origine, sont tous anthropomorphes, ils se comportent comme les hommes, et les animaux ne sont plus que leurs attributs. A l’époque classique, apparaissent des figures issues de l’abstraction comme Dikè (la Justice), Eirènè (la Paix) ou Tychè (la Fortune).

Pour les Grecs, l’univers était peuplé de divinités multiples, bienveillantes ou redoutables qu’il fallait craindre et honorer. Chaque défaut de l’homme et chacune de ses qualités est représentée par une divinité. Les divinités grecques sont intégrées à la vie sociale et comme tout citoyen actif, elles doivent servir la cité en assurant sa protection et sa prospérité pour la divinité poliade   (Athéna à Athènes, Héra à Samos, Artémis à Ephèse) ou en assistant et en garantissant les activités des hommes. Guerres, fondation de colonies, lois, traités, actes de mariage, contrats... tout est soumis à la protection divine dont on attire l’attention en pratiquant les actes cultuels adéquats.

Sanctuaires et Temples

Les sanctuaires locaux et panhelléniques apparurent et se développèrent dès l’époque archaïque. Le plus vieil oracle de Zeus serait celui de Dodone en Epire. Le temple est situé au centre de la ville, visible de chaque point de la cité. Le temple est ouvert au public mais ce n’est pas un lieu de culte, il y a même des sanctuaires interdits. C’est la demeure du dieu. Il abrite son effigie dans la cella  . Le culte religieux se déroule devant le temple, autour de l’autel.

Le temple, dont l’architecture s’inspire du mégaron  , est destiné a être contemplé de l’extérieur. C’était un monument en l’honneur de la communauté, une démonstration de sa richesse. Il est entièrement peint, entouré d’un péristyle  . Fronton et métopes sont décorés de thèmes mythologiques ou héroïques. Les dimensions du temple sont régies par l’harmonie des nombres : longueur, hauteur, nombre de colonnes, ornements en saillie, tout est soumis à l’harmonie (eurythmie). On classe généralement les temples selon leur « ordre », dorique   ou ionique. La décomposition spatiale en pronaos, naos   et opisthodome est déjà fréquente au VIe siècle.

Cultes, mystères, offrandes, divination

Chaque moment de la vie du citoyen est accompagné d’un rituel religieux bien précis. Les Grecs invoquent les dieux là où ils croient qu’ils sont présents : ce peut être un arbre ou un bosquet sacré, une statue ou un autel. Les Grecs se faisaient une idée redoutable de l’impureté. Tout sacrifice, toute séance de l’assemblée commençait par un rite de purification.

Les mystères n’étaient pas réservés à une minorité. Chaque citoyen pouvait y être initié mais aussi les étrangers, les esclaves et les femmes. Les mystères d’Eleusis se déroulaient dans le temple de Déméter et de sa fille Coré. Le culte se célébrait dans le secret du temple et n’était réservé qu’aux initiés, tandis que les fêtes qui se déroulaient à l’extérieur du temple étaient publiques. L’initié recevait la promesse d’une survie heureuse dans l’au-delà après une initiation.

Les offrandes sont faites en vue d’obtenir une faveur. Elles sont constituées de libations (vin, lait), de nourriture (pâtisserie, fruits, parts de récolte), d’encens ou de sacrifices sanglants d’animaux (brebis, chèvre, porc, bœufs). Le sang de l’animal est répandu sur l’autel puis l’animal est dépecé. Une partie est consacrée aux dieux et brûlée, le reste est distribué aux assistants sauf dans certains sacrifices aux dieux infernaux ou aux morts où tout est consommé par le feu (holocaustes). Ces sacrifices permettent de réaffirmer la cohésion de la cité. A Athènes, durant les Panathénées, plusieurs centaines de bêtes sont sacrifiées et l’ensemble des citoyens participe à la consommation de la viande.

Pour les Grecs, le sort des hommes est fixé d’avance. La pratique de la divination tenait donc une grande place. Les Dieux révèlent l’avenir par des naissances anormales (hommes ou animaux), des signes atmosphériques (tempêtes, tonnerre, éclairs), des évènements cosmiques (éclipses, comètes), les rêves (qui sont envoyés par les dieux), les oracles (Delphes, Didymes) ou les Sibylles  . Les présages les plus nombreux sont tirés des animaux vivants ou morts (vol des oiseaux, cris, examen des viscères).

Les fêtes religieuses

Toute la vie était rythmée par des fêtes religieuses et par l’exécution minutieuse des rites. Les fêtes religieuses étaient très nombreuses. A elles seules, les grandes fêtes représentaient au moins 60 jours dans l’année. La plupart des fêtes religieuses comportait des jeux qui avaient lieu sous forme de concours gymniques, athlétiques, lyriques et musicaux.

C’est à Thésée qu’on attribue l’institution des Panathénées, fête athénienne à la gloire d’Athéna où tous les Grecs pouvaient participer. On distinguait les Grandes Panathénées, célébrées toue les quatre ans, des Petites Panathénées annuelles, mais on ne sait pas bien ce qui pouvait les distinguer. Elles commençaient par un concours gymnique, des courses de chevaux et de chars et enfin des concours de musique. A cette occasion, une importante procession solennelle se déroulait qui traversait toute la Cité pour porter solennellement sur l’Acropole un péplos brodé destiné à habiller la statue d’Athéna. La composition du cortège nous est donnée par les frises du Parthénon : en tête se plaçaient les musiciens, venaient ensuite à pied des soldats armés de lances et de boucliers, suivi de la cavalerie, puis des vainqueurs des courses de chars et de chevaux ; enfin venaient les prêtres et les vieillards tenant un rameau d’olivier cueilli dans le jardin de l’Académie  .

Les Gymnopédies étaient une fête religieuse de Sparte. Elles étaient composées de chœurs qui évoluaient sur l’agora  . Elles rassemblaient des enfants, des éphèbes et des adultes sans armes qui mimaient des scènes de bataille ou de pugilat. Les Thesmophories étaient des fêtes en l’honneur de Déméter qui se déroulaient au mois d’octobre. Elles étaient réservées aux femmes mariées de bonne naissance qui se réunissaient sur la colline du Pnyx. Le premier jour, on transportait sur les autels les objets consacrés l’année précédente, le second jour était jour de jeûne et le troisième jour se déroulait un grand banquet rituel.

Les coutumes funéraires

Les morts subites sont attribuées aux flèches invisibles des dieux archers Apollon et Artémis. La sépulture solennelle et la conservation des tombes étaient considérées comme un devoir chez les Grecs. Les esprits des morts non ensevelis étaient condamnés à errer éternellement sans jamais trouver le repos. Mais la question de la survie de l’âme ou du salut après la mort est assez marginale chez les Grecs.

Le défunt, lavé, parfumé et revêtu de ses plus beaux vêtements, était présenté sur un lit (kliné) les pieds tournés vers l’extérieur de la maison. a côté du lit, étaient disposés des vases contenant des onguents et parfums et des plats avec des gâteaux. A la porte d’entrée était posée une grande cruche d’eau pour la purification des visiteurs. Après cette période d’exposition, la cadavre était porté au tombeau. Les corps étaient incinérés ou inhumés.

Le culte des morts tenait une grande place et était régi par des obligations précises : aux jours anniversaires on se rend à la tombe et l’on offre au défunt des libations et des sacrifices. Pour les défunts de grande renommée, on pouvait organiser des courses de chevaux, des jeux gymniques et des danses.


 




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  Dernière mise à jour : 20 juillet 2020
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