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Les Colonies grecques

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Le mot grec que nous traduisons conventionnellement par « colonie » est apoikia, ce qui signifie mot pour mot « habitation (oikia) détachée (apo) ». Vers 600 av. J.-C., des centaines de cités grecques étaient disséminées autour de la Méditerranée et de la mer Noire, "comme des grenouilles autour d’une mare ", selon le mot de Socrate.

Les Causes

A l’époque archaïque, la colonisation s’opère en deux vagues. Durant la première vague, entre 775 et 675, les futurs colons fuient la menace d’invasion de leur propre territoire et se dirigent vers les îles et le rivage de la mer Ionienne, la Sicile et le sud de l’Italie, puis plus tard vers la Lybie et le sud de la France. Durant la seconde vague, entre 675 et 550, il s’agit d’un mouvement de colonies commerciales qui se dirige vers la côte thrace, la mer de Marmara et pénéètre dans la mer Noire. Cette seconde vague est surtout menée par Mégare et Milet qui aura fondé un empire colonial de quatre-vingt dix villes. .

A l’époque classique, les émigrants sont des citoyens qui recherchent ailleurs une situation meilleure. C’est la surpopulation, née de la répartition foncière inégale, qui pousse les cadets de famille à rechercher ailleurs des terres vierges et inoccupées. Les citoyens déclassés, le parti politique vaincu suivent le même chemin. C’est une colonisation politique.

Les plus grands colonisateurs furent les Eubéens. Les cités d’Eretrie et de Chalcis en particulier fondèrent beaucoup de colonies en Grande Grèce. Corinthe envoie des gouverneurs dans ses colonies sous tutelle.

Fondation et essor

La fondation d’une colonie est à l’origine une entreprise privée : c’est l’œuvre d’un groupe de citoyens qui décident de quitter leur patrie et de fonder au loin une nouvelle cité. Ils s’adressent parfois à la cité pour recevoir un chef, le fondateur (oikistès), pris parmi les vieilles familles qui connaissent les rites présidant à la fondation des villes. Les émigrants ne sauraient partir sans avoir pris l’avis des dieux : ils vont à Delphes consulter Apollon. Le dieu indique la route à suivre, la terre à aborder, le site où établir la ville. Négliger de consulter l’oracle conduit à l’échec.

L’installation est précédée d’explorations menées par le fondateur accompagné d’une troupe d’élite. Le territoire (chora) choisi est divisé en différents lots (klèroi) destinés à l’agriculture. Il est rare que les cités s’agglomèrent au point de former un territoire complet : la Sicile et l’Italie méridionale sont des exceptions. En cela, les colonies grecques et phéniciennes sont semblables.

Politiquement, la colonie est une cité indépendante et non pas de colonies au sens usuel du mot. La colonie a ses lois, ses magistrats, sa politique. Elle n’a aucune obligation militaire ou financière vis à vis de la cité mère. A défaut de liens politiques, il existe des liens moraux entre les deux villes. Elles sont unies par la religion : le fondateur a allumé avant le départ au foyer de la cité le feu qui sera le foyer de la colonie. Colonie et métropole parlent la même langue. Les colonies participent aux jeux panhelléniques d’Olympie. Les institutions de l’une sont souvent calquées sur celles de l’autre. Elles nouent des relations commerciales. Agressée, la colonie appelle la métropole au secours. La guerre entre la fille et la mère apparaît comme une monstrueuse impiété.

Importance commerciale

Les colons du VIe siècle partent à la conquête des matières premières et des débouchés commerciaux. Il faut subvenir aux besoins croissants des cités en expansion. Ce sont des colonies agricoles et pas seulement des comptoirs commerciaux comme le furent les emporiums phéniciens. Les colons privilégient donc les territoires fertiles jouissant du même climat que la Grèce plutôt que l’emplacement commercial ou le port bien situé.

La colonisation engendra un commerce lointain de produits de luxe, de céréales ou de matières premières, comme les métaux étrusques. Les Grecs se dirigent ainsi vers les greniers à blé de la Méditerranée orientale, d’Égypte (Naucratis) et de Russie méridionale. On recherche les matières premières : bois du Caucase, laines d’Espagne, métaux d’Arménie et du Caucase, argent d’Andalousie. On rapporte aussi des esclaves que les besoins de main-d’œuvre exigent.

En échange, les vaisseaux grecs exportent de l’huile, du vin, dont sont friands les Barbares, et des produits manufacturés (objets précieux, armes, vases, bijoux). La nouvelle colonie est d’abord un port. Elle se place sur un lieu de passage à l’embouchure des fleuves. Chaque fleuve russe à sa colonie grecque : Tanaïs sur le Don, Olbia sur le Boug, Tyras   sur le Dniester, Istros sur le Danube. On ne repousse plus les indigènes vers l’intérieur. On entretient d’amicales relations avec les roitelets locaux, on recherche des débouchés.


 




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  Dernière mise à jour : 5 octobre 2006
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